(e post-accentuel: pause incompatible)
En revanche, la pause courte engendrée par la virgule dans ces exemples apparaît beaucoup plus compatible avec les interfaces dont le premier terme est un son en voyelle.
Il est averti, prudent.
(terminaison en voyelle, ici i: pause compatible)
Il apparaît cependant qu'une simple inflexion vocale sans pause soit convenante pour négocier les interfaces incompatibles sur élision potentielle (1), liaison potentielle (2) , consonne brute (3), ce qui, notamment, permet l'élision et la liaison de se réaliser. En revanche, le cas du e post-accentuel-consonne (4) ne peut être évité.
-indications des pauses et inflexions vocales
Il nous faut donc indiquer au lecteur de pratiquer pour chaque cas de charnière syntaxique une pause ou bien une simple inflexion vocale sans pause. Or, selon l’Académie Française, la virgule indique obligatoirement une pause courte.
La constatation que la charnière syntaxique au niveau d'une virgule ne devait pas toujours s’interpréter comme une pause obligatoire a conduit certains organismes à une redéfinition de ce signe, soit comme pur séparateur syntaxique sans indication de prononciation (Office Québécois pour la Langue Française), soit comme séparateur syntaxique induisant une pause facultative, choix laissé à la discrétion du lecteur (TLFi : Trésor de la langue Française informatisé...).
Il nous semble préférable de conserver la définition de l’Académie selon laquelle le signe de la virgule signifie une pause courte obligatoire, définition qui a l’avantage d’être univoque, indiquant sans ambiguité au lecteur comment il doit négocier ce signe. De surcroît, l'enseignement a établi, de fait, cette définition, beaucoup plus explicite pour les apprenants que la notion de délimiteur syntaxique, plus abstraite. L’inflexion vocale sans pause, elle, peut être indiquée par un signe de coupe (/) simplifié en (') après un mot pour une lecture plus facile.
Exemple, considérons la phrase suivante en écriture traditionnelle comportant 3 virgules:
Fiers, ils paradaient, haussant la tête, élevant le poing.
En écriture euphonique utilisant le signe de coupe simplifié, nous obtenons:
Fiers' ils paradaient, haussant la tête' élevant le poing.
Cette phrase se lit en prononçant une liaison en z après
Fiers au niveau d’une inflexion vocale, en ménageant une pause après
paradaient au niveau de la terminaison en sonorité de voyelle "aient" (donc compatible), et en respectant l'élision après
tête au niveau d’une inflexion vocale.
-cas des autres ponctuations
Les incompatibilités constatées précédemment au niveau de la virgule n'apparaissent pas au niveau d'une pause longue (point en fin de phrase, guillemets), cas pour lesquels justement un effet de cassure est normal. En revanche, les deux-points, points-virgule, tirets à l'intérieur de la phrase génèrent des poses courtes qui occasionnent les mêmes incompatibilités. Cependant, eu égard au moindre degré de liaison grammaticale de ces séparateurs par rapport à la virgule, il n'apparaît pas opportun de les négocier par une simple inflexion vocale. Ces situations d'incompatibilités devront donc être évitées.
-cas particulier des ponctuations en poésie
En poésie, la métrique veut qu'en théorie, aucune pause ne soit permise à l'intérieur du vers, sous peine de détruire son entité rythmique. Ainsi, par exemple, une pause au niveau d'une césure dans un alexandrin, le transformerait en 2 hexasyllabes. Il peut donc être convenu que toute ponctuation possède uniquement une valeur de séparateur syntaxique n'entraînant aucune pause à l'intérieur du vers. L'on devra néanmoins rajouter le signe de césure (//) simplifié en (') afin d'indiquer au lecteur de la marquer par un accent tonique au bon endroit. Par ailleurs, l'auteur possède toujours le recours de simplifier la ponctuation en indiquant uniquement des signes de coupe (') au lieu de la ponctuation traditionnelle, ou même, selon un choix répandu en poésie libre, supprimer toute ponctuation et didascalie.
Il vint, puis repartit ;" nous l’avions attendu.
ou, selon le choix de l'auteur:
Il vint' puis repartit" nous l’avions attendu.
-pour la prose, évitement des e post-accentuels dans le flux (e caducs en fin de mot susceptibles de se prononcer ou non à l’intérieur de la phrase)
Une étrange vision brille. (e caduc à la fin du mot "étrange" incongruent)
Une étrange illumination brille. (congruent)
-en prose, limitation des syntagmes (fragments de texte entre 2 pauses) à 19 syllabes
Cette valeur, que doit respecter l'auteur, est approximativement adaptée à la capacité respiratoire dans les conditions de la lecture déclamatoire.
-évitement des répétitions (participes, prépositions, conjonctions…), sauf structure en parallèle ou symétrie
Il vit le chevreuil qui fuyait sur le chemin qui s’enfonçait dans la forêt. (répétition incongruente de qui en série)
Il vit les écureuils qui sautaient, les oiseaux qui volaient. (répétition congruente de qui en symétrie)
En dernier lieu, signalons que ces préconisations constituent un cadre théorique de traitement oral (comparable à une exécution métronomique en musique). Elle n'exclut pas des effets personnalisés que le lecteur ou le déclamateur se réservent de ménager.