LES ENFANTS DE VOLTAIRE

Poème épique de Claude Ferrandeix évoquant l’avenir de l’Humanité sous l’angle politique. Une critique de la pensée des Lumières.


Où va l’Humanité? Comment faut-il œuvrer
Pour que Mal soit vaincu" pour que triomphe Bien?
Comment vont évoluer" nos sociétés modernes?
Quel destin se profile" au bout de ce chemin
Que poursuit notre espèce" au fil de l’infortune?
Par discours enflammés" ou grenades mortelles
Deux camps bien retranchés" s’affrontent sans répit
Dans les salons mondains" les allées du pouvoir
Le bistrot populaire" ou le café branché
L’Académie feutrée" l’hémicycle bruyant
Diète ou Sénat' Cortes" ou Chambre des Communes.
Les deux politiciens" pour toujours concurrents
Sur les bancs du Reichstag" ou bien de la Douma
Bataillent sans désir" de réconciliation.

Voici les ennemis" face à face opposés.

«L’avenir' l’avenir" c’est le vital Progrès
Pourfendant à jamais" le préjugé funeste.
C’est l’Esprit libéré" des errements passés
Toujours montant plus haut" vers l’accomplissement
L’universel bonheur" et l’épanouissement.
Le cosmopolitisme" élargira le Monde.
L’Homme en se métissant" demain ne formera
Qu’une communauté" sur l’ensemble du globe
Définitive union" des multiples humains
Nantis de leurs talents" et de leurs différences.
Le racisme exécrable" ainsi disparaîtra.
L’on vit tomber d’abord" l’apartheid africain
Le melting-pot unit" les ethnies d’Amérique.
L’Europe a déjà pris" le tournant décisif.
L’on verra la Russie" de même s’y résoudre.
Sans qu’il ne soit besoin" de préparer les armes
La Chine finira" par succomber aussi.
Lorsqu’elle chutera" comme un fruit corrompu
Nous la recueillerons" satisfaits et comblés.
Notre victoire alors" sera définitive.
Nul en effet ne peut" résister à l’appât
De la consommation" ravissante sirène.
La guerre ainsi vaincue" bientôt s’épuisera.
L’ancien nationalisme" obsolète' éculé
Dans la désaffection" tombera sans retour.
La mondialisation" triomphera partout
Niant' invalidant" les désuètes frontières.
De Boston à Shanghai" l’on pourra circuler
Sans présenter jamais" passeport ni visa.
Les états ne seront" qu’entités gestionnaires.
Protégeant l’intérêt" des acteurs financiers.
Le Conseil planétaire" étendra sa puissance
Gommera dissensions" réglera différents.
L’Homme retrouvera" sa bonté naturelle.
Tous les individus" grâce à l’éducation
Parviendront au savoir" à l’art' à la culture.
Le respect du prochain" justice' égalité
S’imposeront alors" aux citoyens du Monde.
Sous-développement" famine et pauvreté
Calamités forgées" par l’abusive emprise
De l’abominable hydre" à la tête multiple
Colonialisme' impérialisme' autocratisme
Seront éradiqués" anéantis' rayés.
C’est alors que viendra" l’âge démocratique.
L’on verra s’imposer" partout les droits humains
Fontenelle et Rousseau' confondront Herder' Fichte.
Le monstrueux fascisme" enfin sera vaincu
Cet horrible dragon" d’où nous vient tout le mal.
Nous avons maîtrisé" le rêve démentiel
D’une élite promue" par l’extermination
Thélème la maudite" et la Callipolis.
Galton' Campanella" sont déconsidérés.
Jusqu’à la fin des jours" l’Homme devenu dieu
Sera le parangon" dominant la nature.
Demain' nous serons tous" les enfants de Voltaire...»

C’est ainsi qu’on entend" relayé' diffusé
Par toutes les stations" par toutes les antennes
Retransmis' divulgué" par les téléviseurs
Dans chaque rédaction" par tout commentateur
Le triomphant discours" de l’unique pensée.
Mais voici que s’élève" étouffée' méprisée
La discordante voix" contestant l’optimisme.

«Que valons-nous' que sommes-nous' pauvres humains?
Des piquets ambulants" se croyant magnifiques
De ridicules troncs" montés sur des échasses.
Qu’est-il cet avorton" cet orgueilleux microbe
Prétendant surpasser" la Création divine?
Las' comment osez-vous" satisfaits et béats
Vous contempler' sereins" dans le fond d’une glace?
Car vous êtes l’agent" du plus grand génocide
Celui qu’ose attenter" le fils envers ses pères.
Vous concourrez sans honte" à l’éradication
Des Blancs vilipendés" par vos haineux discours.
Vous avez sacrifié" l’Europe du passé.
La voici devenue" l’Afrique du futur.
Vous prétendez mater" le chancre du racisme
C’est pour nous imposer" un global métissage
C’est pour éliminer" les ethnies sans défense.
Ne supprimez-vous pas" grâce à l’immigration
Bien mieux qu’Hitler un peuple" en évitant le sang?
Votre méthode est propre" il faut le reconnaître.
Nous devons avouer" qu’elle est même parfaite.
La Morale en est sauve" au moins en apparence.
Vous avez provoqué" tel pavlovien réflexe
Par tous vos précepteurs" guidant les athénées
La protection de l’autre" en condamnant le soi.
Vous avez détourné" pour casser les États
Les nobles droits humains" en vil droidelhomisme.
Votre nouvelle éthique" ainsi que bienpensance
Mime la dignité" pareille au christianisme.
La tiermondisation" nous menace et nous guette.
Vous avez dispersé" les ferments du génie.
Vous avez dissipé" dans l’océan barbare
La manifestation" des civilisations.
Vous êtes parvenus" au parfait amalgame
De l’ancien humanisme" et de l’Économie
Nouvelle collusion" pourvoyant dividendes.
La mondialisation" qui triomphe partout
N’est-elle évolution" de l’universalisme?
La frontière abolie" profite aux capitaux.
L’ardoise trop garnie" des pays misérables
S’amplifie sans l’espoir" qu’ils puissent rembourser
Mais soyons généreux" éliminons la dette.
Voici donc restaurés" le bilan des filiales
Par le contribuable" acquitté grassement.
Plus même vous n’osez" prononcer' ô scandale
Gênant' embarrassant" le mot capitalisme.
Le terme est trop blessant" pour vos tympans sensibles.
Vous battez les records" de la démagogie.
La médiatisation" l’intense propagande
Que vous utilisez" contre nous sans répit
Confine au pilonnage" étouffant' accablant.
Goebbels en fût jaloux" s’il vous avait connus.
L’enseignement devient" catéchisme et credo.
Vous savez agiter" l’épouvantail Adolf.
Quelle divine aubaine" édifiant vos zélotes.
Permettez donc aussi" que nous l’utilisions.
Vous accusez' blamez" plutôt qu’argumentez.
L’idolâtre niant" la véritable Foi
L’insoumis refusant" la pensée dominante.
Lorsqu’on vous contredit" vous crachez vos injures
Vous jetez l’anathème" au front de l’hérésiarque.
Tel jadis le chrétien" fustigeait le païen
Toujours vous prétendez" posséder la Morale.
Vous traitez l’ennemi" de raciste et fasciste.
Vous croyez détenir" monopole du cœur.
L’avenir c’est vous' le progrès' c’est toujours vous.
L’enfant' génération" nouvelle et spontanée.
Comme au temps révolu" des ignorants thomistes
Vous affirmez le dogme" à votre convenance.
Dieu crée chaque naissance" un autre individu
Qui n’est déterminé" par l’ancestral génome.
Le cerveau malléable" est une argile informe.
Grâce à l’éducation" vous le modèlerez
Vous lui imprimerez" votre idéologie.
Ce qui se trouve au bout" de l’absurde voyage
Port ultime' unique Vérité' c’est la Mort.
L’Homme dénaturé" ne sera qu’un métèque.
La Femme ne sera" qu’une immonde guenon.
La violence partout" s’étendra sur la Terre.
Vous fondez le terreau" de la voyoucratie
Par votre belle éthique" altruiste et permissive.
L’ancien conflit soudant" les sociétés holistes
Par vous devient combat" de chaque individu.
La Beauté comme l’Art" à jamais s’éteindront.
Les enfants de Voltaire" ainsi disparaîtront...»

Pendant que les penseurs" fielleusement s’affrontent
La brûlante planète" agonise et périt.
L’on croirait deux guerriers" en un duel enragé
Ne voyant sous leurs pas" inéluctablement
L’abîme qui les cerne" et les engloutira.

La Saga de l’Univers - Claude Fernandez - Éditions Sol’Air - © Éditions Sol’Air - 2007