BAGRATION ET LES COSAQUES

Poème épique de Claude Ferrandeix évoquant lors de la guerre contre Napoléon en Russie l’attitude irrévérencieuse des Cosaques à l’égard du chef des troupes russes Bagration cependant qu’ils demeurent fidèles à la Russie.


«Moi' Bagration' promu" par le tsar Alexandre
Je suis le général" qui doit vous commander.
Vous devrez obéir" aux ordres militaires.
Je ne tolèrerai" pas la moindre insolence.
Je ne tolèrerai" pas la moindre incartade.
Je ne supporterai" nul écart de langage.
Pliez-vous sans broncher" à notre discipline.
Chacun doit respecter" le grade et la fonction.
Chacun doit saluer" ses dignes lieutenants»

«Déjection de goret" cul de putois' rinçure
Miasme déliquescent" crachat fielleux' raclure
Tes rubans' tes galons" nous urinons dessus
Nous déféquons gaiement" sur tes croix' tes médailles.
Bave' excrément de fouine" ordure et vomissure.
Blanc-bec' ce n’est pas toi" qui nous dirigera.
Berger pusillanime" au bercail va conduire
Tes brebis timorées" tes moutons pétochards.
Mieux que toi nous savons" combattre et puis mourir.
Nabot enflé' bouffi" qu’une guenon vêla
Sache bien' avorton" quels sont nos glorieux pères.
De Nalivaïko" nous sommes rejetons.
Fils des Haïdamaks" et de Tarass Boulba.
Le sang de Mazeppa" circule dans nos veines
Dans notre âme gravé" le brûlant souvenir
D’Ostranisa le fier" du farouche Pavliouk
Tend notre volonté" soutient notre énergie.
L’appel de Kmielnitsky" notre ancêtre glorieux
Sonna la reddition" des poltrons Polonais.
Seule une femme hélas" réduisit notre chef
Que jamais ne fléchit" la force ou la menace
Rasoumovsky maudit" vaincu par un jupon.
Nous sommes les héros" de la Zaporoguie
Notre empire est la steppe" infinie' monotone
C’est la neige et le gel" c’est la brume et l’espace.
Point n’avons de maison" ni d’isba' ni d’enclos.
Notre spacieux logis" notre lit confortable
Hennissant' galopant" se meut à quatre pattes.
Notre seul compagnon" possède une crinière.
C’est lui qui nous procure" amour' festin' butin
C’est lui qui nous emmène" au-delà du Léna.
Pendant que le bourgeois" demeure en sa datcha
Nous chevauchons les monts" riant de sa couardise.
Nous franchissons le Don" l’Ienisseï' l’Obi
Car la Terre est à nous" d’Ukraine en Sibérie.
Nous ressemblons au vent" balayant la Russie
Nous ressemblons aux nues" parcourant l’horizon.
Nos joyaux raffinés" sont l’ambre naturelle
Que le sol a forgée" pour ses prodigues fils.
Nous défendons le sitche" aux abattis sommaires
Qu’habite sur le Dniepr" une épouse fidèle.
Nous sommes tous égaux" compagnons et confrères.
L’ataman est élu" proclamé' puis déchu
Selon notre suffrage" et notre bon vouloir.
Nous préférons mourir" d’un glaive dans le cœur
Plutôt qu’efféminés" en de molles soieries.
Le sabre est notre Verbe" invincible' imparable.
Nul jamais ne parvint" à ployer notre échine
Rien ne peut nous soumettre" et ne peut nous dompter.
Jamais n’avons courbé" nos fronts hautains et fiers.
Jamais n’avons fléchi" nos genoux susceptibles
Devant monarque ou chef" sinon devant la Mort.
Général avorton" paon vaniteux' risible
«Déjection de goret' cul de putois' rinçure
Miasme déliquescent' crachat fielleux' raclure
Tes rubans' tes galons" nous urinons dessus
Nous déféquons gaiement" sur tes croix' tes médailles.
Bave' excrément de fouine' ordure et vomissure.
Pâtre pusillanime" au bercail va conduire
Tes brebis timorées" tes moutons pétochards.
Blanc-bec' ce n’est pas toi" qui nous dirigera.
Mieux que toi savons" combattre et puis mourir»

Ainsi hurlent en chœur" les Cosaques gouailleurs
Les Cosaques frondeurs" les Cosaques railleurs
Tapageurs' querelleurs" bretteurs et batailleurs
Soûlards' bandits' brigands' fripons' filous' fripouilles
Ripailleurs' bambocheurs' scélérats' margoulins
Gredins' coquins' truands' canailles et maroufles

Mais tous unis sont là" pour sauver la Russie.

La Saga de l’Univers - Claude Fernandez - Éditions Sol’Air - © Éditions Sol’Air - 2007